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Fédération des
Pathologies du Sommeil et Centre D'investigation Clinique, Hôpital
Pitié-Salpêtrière, Paris
2 à 5 % de
nos contemporains souffrent d'un besoin irrépressible de bouger les jambes en
réponse à des paresthésies et des dysesthésies voire à des douleurs ressenties
comme profondes, musculaires ou osseuses.
Voici les critères diagnostiques en nosologie classique:
Critères minimaux: (ces 4 critères doivent être réunis pour poser
le diagnostic)
· Besoin de bouger les membres habituellement, associé à des paresthésies ou des
dysesthésies
· Impatience motrice
· Les symptômes sont aggravés ou exclusivement présents au repos (couché, assis)
et disparaissent au moins partiellement et temporairement lors de l'activité
· Les symptômes s'aggravent le soir et la nuit
Caractéristiques additionnelles:
· Antécédents familiaux (autosomique dominant)
· Perturbation du sommeil et ses conséquences
· Mouvements involontaires (mouvements périodiques du sommeil à type de
dorsiflexion répétée du gros orteil gagnant secondairement les autres orteils,
les chevilles, ou les genoux, durant ½ à 5 secondes, et revenant à intervalles
de 5 à 90 secondes, mouvements involontaires de l'éveil et du repos que le
patient peut supprimer par la mobilisation volontaire)
· Évolution chronique, pouvant survenir à tout âge, stable ou progressif
· Examen neuro et EMG normaux dans les formes primaires
Remarque:
Observons donc le tableau suivant:
· Localisation: jambes
· Sensation: besoin de contracter les muscles de la jambe en marchant, en
pédalant ou en frottant ses jambes
· Modalités: < le soir et la nuit < au repos, au lit ou assis, > lors de
l'activité
· Concomitant: dorsiflexion répétée du gros orteil périodique pendant le
sommeil.
L'apparence de ce tableau laisse penser que l'on a à faire à un symptôme
homéopathique complet du style :
· Localisation: peau
· Sensation: douleur piquante brûlante
· Modalités: > par les applications froides
· Concomitant: oligurie. (à Apis)
Mais dans le premier cas il s'agit de la répertorisation d'un tableau
nosologique, dans le second d'un symptôme homœopathique complet. C'est sur ce
type de raisonnement que les écoles pluralistes ajoutent quasi automatiquement
Zincum à leurs prescriptions dès qu'un malade mentionne quelques impatiences
nocturnes des jambes.
Diagnostic étiologique:
· Anémie ferriprive
· Carences en folates pendant la grossesse
· Hypothyroïdie
· Insuffisance rénale
· PAR
· Maladie de Parkinson
· Pathologies pulmonaires chroniques
· Poly neuropathies (diabète, alcoolisme, amylose…)
· Médicaments:
· Neuroleptiques
· Lithium
· Miansérine (Athymil°)
· Anti-épileptiques
· Diphénhydramine (Nautamine°, Actifed J + N°)
· caféine (à ce sujet, l'honnêteté m'oblige à revenir sur la formule de la
Polypirine°, commercialisée par un laboratoire homéopathique et dont je vous
avais dit qu'elle contenait depuis 1954 de l'amidopyrine, camouflée sous le nom
d'aminophénazone. Et bien c'est chose faite, elle n'en contient plus depuis 98
et la nouvelle formule renferme désormais 50 mg d'extrait aqueux sec de sommités
fleuries de Reine des prés par gélule, accompagnés de 300 mg d'Aspirine et de 50
mg de caféine. Une tasse de café renferme 60 à 80 mg de caféine, la posologie de
4 à 6 gélules quotidiennes correspond à 2 à 300 mg par jour. La consommation de
500 à 600 mg de caféine par jour produit un syndrome de caféinisme qui ressemble
à un tableau d'anxiété chronique)
· Avitaminoses
Il va sans dire que le même mot "étiologie" possède deux significations très
différentes selon qu'il est employé en allopathie ou en homœopathie. Les
étiologies qui sont citées ci-dessous sont entendues dans une acceptation
allopathique du terme. Pour l'homœopathie, ces facteurs correspondent à la
"cause occasionnelle" de "la" maladie. Cette notion est amplement détaillée dans
l'Organon aux § 238 et 252, mais la note a) du § 206 de la 6° édition mérite
pourtant d'être relue:
"Quand on prend des informations de ce genre, il ne faut pas s'en laisser
imposer par les assertions fréquentes des malades ou de leurs proches qui
attribuent l'origine des Maladies chroniques, même les plus graves et les plus
invétérées, soit à un refroidissement subi de longues années auparavant pour
avoir été mouillé ou avoir bu froid étant échauffé, soit un effort exagéré, soit
encore à une frayeur éprouvée jadis, une vexation (ou même un ensorcellement!)
etc.
Ces causes occasionnelles sont de beaucoup trop peu d'importance pour engendrer
une maladie chronique dans un corps sain, l'y entretenir indéfiniment et la
rendre plus grave d'année en année, comme cela se produit dans toutes les
affections chroniques résultant d'une psore évoluée Des causes bien autrement
essentielles que celles-ci doivent avoir présidé à la naissance et à la
progression d'un mal chronique grave et opiniâtre, et les causes occasionnelles
que je viens de citer sont propres tout au plus à réveiller une dyscrasie
(miasme) chronique de son assoupissement léthargique."
Les rubriques répertoriales correspondant à ce syndrome sont nombreuses:
MEMBRES/Agitation/jambes et les nombreuses et précieuses sous rubriques
MEMBRES/Bouillonnement/jambes…
PCKent requête avec " jambe sommeil ", " jambe lit "…
Compte tenu de ce qui a été discuté plus haut, il serait tentant de reléguer le
symptôme "jambes sans repos plus ou moins modalisé" en fin de répertorisation,
un peu comme la rubrique "Rougeole" dans généralités.
Cette façon de procéder serait vraisemblablement injuste car cette dernière
rubrique est clinique alors que les remèdes de la rubrique "agitation des jambes
le soir avant de s'endormir" ont bien produit expérimentalement ce symptôme lors
des prooving.
Il semble qu'il soit judicieux d'utiliser ce type de symptôme "jambes sans
repos" comme concomitant, voire comme symptôme de confirmation ou de
discrimination. Cependant, compte tenu de la richesse de ces rubriques, un
remède sélectionné sur une similitude générale et mentale qui ne figurerait dans
aucune des rubriques de restless legs serait fortement suspect et ne devrait
être troquée contre le joker de Kent qu'après mûre réflexion.
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