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Les
différentes maladies du sommeil : syndrome des jambes sans repos
Information conçue par l'unité
des Troubles du sommeil des hôpitaux Universitaires de Strasbourg, Professeur
Jean Krieger
Le syndrome des
jambes sans repos comporte deux types de manifestations souvent associées chez
un même patient: le syndrome d'impatiences des membres inférieurs qui correspond
à des sensations désagréables ressenties au cours de la veille, et les
mouvements périodiques qui se produisent au cours du sommeil.
Le syndrome d'impatiences des membres inférieurs
Il s'agit d'une sensation désagréable, parfois à la limite du tolérable, mais
toujours très difficile à décrire: sensation de picotement ou de ruissellement
ou de brûlure, toujours accompagnée d'un impérieux besoin de bouger. Deux
caractères sont typiques: la gêne survient de préférence le soir et la nuit;
elle est favorisée par l'immobilité, et soulagée, au moins en partie, par le
mouvement.
Ce syndrome d'impatiences des membres inférieurs a souvent un caractère
familial, en général méconnu. Il est volontiers attribué, par erreur à des
problèmes circulatoires, et notamment de circulation veineuse.
Les mouvements
périodiques au cours du sommeil
Extrait d'enregistrement polygraphique du sommeil d'une durée de
2 min montrant une activité électromyographique des muscles fléchisseurs du pied
droit (EMG1) et gauche (EMG2) répétée toutes les 10 à 20 sec entraînant un éveil
visible à l'EEG (CZ-A2; O2-A1) et une accélération de la fréquence cardiaque (ECG)
Comme leur nom l'indique, il s'agit de mouvements qui se produisent au cours du
sommeil, de façon involontaire. Ils ne sont en général pas ressentis par le
patient (sauf dans le cas, plus rare, où ils se manifestent à l'éveil) mais
peuvent être observés et enregistrés au cours d'un enregistrement polygraphique
du sommeil.
Ils répondent à des critères précis, de durée et de fréquence de répétition. Ils
touchent en général les muscles des jambes, le plus souvent les muscles des
extrémités, entraînant une flexion du pied et des orteils mais parfois
s'étendent à la racine des membres, entraînant une flexion du genou, ou même de
la hanche; plus rarement, ils s'étendent aux membres supérieurs.
Manifestations
Il arrive parfois que le syndrome d'impatiences des membres inférieurs soit
gênant au point de constituer à lui seul le motif de consultation. Beaucoup plus
souvent, les patients consultent pour un trouble du sommeil, avec des
difficultés d'endormissement ou des éveils répétés au cours de la nuit, qui ne
sont pas toujours mis en relation avec le syndrome d'impatiences des membres
inférieurs.
Les mouvements périodiques au cours du sommeil sont responsables d'une
désorganisation et d'une fragmentation du sommeil, et entraînent un sommeil de
qualité insuffisante, et donc une somnolence au cours de la journée. La relation
entre mouvements périodiques au cours du sommeil et somnolence n'est cependant
pas démontrée formellement.
Les mécanismes
On sait qu'environ 80 % des personnes qui ont un syndrome d'impatience des
membres inférieurs ont également des mouvements périodiques au cours du sommeil
; en revanche on peut observer des mouvements périodiques au cours du sommeil en
l'absence de syndrome d'impatiences des membres inférieurs, et seuls 30 % des
personnes qui ont des mouvements périodiques au cours du sommeil ont également
un syndrome d'impatiences des membres inférieurs.
Néanmoins, on peut supposer que les deux manifestations ont une explication
commune, traduisant une hyperexcitabilité ou un défaut de mise au repos du
système nerveux.
Dans certains cas, on identifie des maladies spécifiques du système nerveux,
touchant les nerfs périphériques ou la moelle épinière. Le plus souvent le
système nerveux paraît indemne. C'est dans ces cas que l'on retrouve une
histoire familiale, dans près de 90 % des cas.
Le mécanisme intime de la maladie n'est pas connu, mais il semble impliquer une
activité insuffisante de cellules du système nerveux (neurones) utilisant la
dopamine pour transmettre le signal nerveux d'un neurone à l'autre.
Récemment une relation entre une carence en fer et la maladie a été mise en
évidence. Le syndrome d'impatience est également fréquent en cas d'insuffisance
rénale ou de diabète.
Le traitement
Lorsqu'existe une carence en fer, la reconstitution des réserves ferriques est
souvent très efficace.
Dans le cas contraire le traitement fait appel à des médicaments qui facilitent
la transmission de l'influx nerveux entre les neurones utilisant la dopamine
comme neurotransmetteur. D'autres médicaments sont également efficaces et
notamment des médicaments utilisés dans le traitement de certaines formes
d'épilepsie.
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